• Jeudi, l'armée française a restitué le camp Geille et l'escale aéronautique militaire à l'État sénégalais, lors d'une cérémonie à Dakar.
  • Une étape de plus dans le désengagement français en Afrique de l'Ouest, après le Mali, le Burkina Faso, le Niger et la Côte d'Ivoire.

C'est une nouvelle étape dans le désengagement du continent africain. Jeudi 17 juillet, l'armée française a officiellement quitté ses bases militaires au Sénégal, lors d'une cérémonie officielle à Dakar. Environ 350 militaires français, regroupés au sein des Éléments français au Sénégal (EFS), étaient jusqu'alors présents sur le territoire, où ils collaboraient étroitement avec les forces armées sénégalaises, notamment en matière de formation régionale. 

Le camp Geille, plus grande base militaire française à Dakar, ainsi que l'escale aérienne proche de l'aéroport Blaise Diagne, ont été remis aux autorités. Un symbole fort, puisque après son indépendance en 1960, le Sénégal est resté l'allié de la France, ancienne puissance coloniale. Mais l'arrivée au pouvoir du Président Bassirou Diomaye Faye et de son Premier ministre Ousmane Sonko (nouvelle fenêtre) a marqué un tournant dans les relations bilatérales en 2024 et les nouvelles autorités ont réclamé le retrait des forces françaises avant l'échéance de juillet 2025. Les relations entre les deux pays ne sont toutefois pas rompues.

Le désengagement de la France en Afrique de l'Ouest

S'il s'est fait dans le calme, ce retrait s'inscrit dans la continuité du désengagement accéléré de la France en Afrique de l'Ouest (nouvelle fenêtre). Un mouvement amorcé depuis 2022, lorsque Paris et ses partenaires avaient annoncé la fin des opérations Barkhane (lancée en 2014) et Takuba (créée en 2020), après neuf ans de soutien militaire aux autorités maliennes face aux groupes djihadistes. Un départ devenu inévitable, tant les relations avec Bamako s'étaient détériorées. En 2020 et 2021, un double coup d'État mené par des militaires a été fermement condamné par Paris, accentuant les tensions entre les deux pays. Quand l'Élysée dénonçait une "prise de pouvoir inacceptable", la nouvelle junte accusait la France d'ingérence. "Nous ne pouvons pas rester engagés militairement aux côtés d’autorités dont nous ne partageons ni la stratégie, ni les objectifs cachés", déclarait Emmanuel Macron le 17 février 2022. Six mois plus tard, les derniers soldats français quittaient le Mali.

Ce scénario s'est répété au Burkina Faso dans la foulée. Deux coups d'État successifs, entre janvier et septembre 2022, ont porté au pouvoir le capitaine Ibrahim Traoré. Son discours résolument anti-français a cristallisé les tensions avec Paris. Le 19 février 2023, l'armée burkinabée a annoncé officiellement la fin des opérations de la force française baptisée Sabre. 

La même année, au Niger, le 26 juillet 2023, une junte militaire a, à son tour, renversé le président Mohammed Bazoum, considéré comme l'un des derniers alliés de la France dans la région. La réaction de Paris a été immédiate : l'ambassadeur français a été rappelé et la coopération militaire avec le Niger suspendue.

En février 2025, la France a également rétrocédé sa base militaire de Port-Bouët à la Côte d’Ivoire, après concertation avec le gouvernement ivoirien. Contrairement aux départs précipités observés ailleurs, cette transition s'est opérée dans un climat apaisé. "La coopération militaire continue avec la France", avait d'ailleurs confirmé le ministre ivoirien de la Défense, Téné Birahima Ouattara, cité par l'AFP.

Lire aussi

L'armée française persona non grata au Sénégal et au Tchad : où conserve-t-elle des bases en Afrique ?

Des relations diplomatiques maintenues au Togo, au Bénin et au Nigéria

Si la France conserve des liens diplomatiques avec plusieurs pays d'Afrique de l'Ouest, la nature de ces relations évolue. Au Togo, les tensions sont palpables. En juin 2025, le gouvernement a suspendu les chaînes françaises RFI et France 24, accusées de partialité dans leur couverture des réformes constitutionnelles. Un geste qui témoigne du climat de crispation politique. Pour autant, les échanges économiques se poursuivent : selon la Direction générale du Trésor, le Togo reste la huitième destination des exportations françaises dans la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO).

Au Bénin et au Nigeria, la France maintient des relations plus stables. La coopération militaire et économique y reste active, avec des partenariats dans les domaines de la sécurité et du développement.

Athenais CORNETTE DE SAINT CYR

Sur le
même thème

Tout
TF1 Info