• Cette semaine, Le Relais a déversé des tonnes de vêtements et cessé sa collecte de pièces usagées pour alerter sur sa situation.
  • Débordés par les habits de la fast-fashion et voyant le marché africain se restreindre, les acteurs du tri sont en grande difficulté.
  • Face à cette situation, le prix de la tonne a été revalorisé, dans le cadre d’une enveloppe de 49 millions d’euros pour 2025.

Après avoir déversé des tonnes de vêtements dans plusieurs villes de France devant des enseignes de prêt-à-porter, Le Relais et les autres acteurs du tri bénéficieront d'une aide exceptionnelle cette année. Le ministère de la Transition écologique l'a annoncé vendredi pour soulager ces organismes en difficulté, confrontés à des tonnes de pièces issues de la fast-fashion, difficiles à écouler. Cette semaine, Le Relais avait même dit être proche de sa disparition, cessant toute collecte de vêtements usagés dans ses bornes sur le territoire pour alerter sur l'urgence de sa situation.

La filière du tri en France est en effet en grande difficulté, notamment en raison de la baisse des cours à l’export des textiles usagés triés, en Afrique notamment, avec des clients se tournant de plus en plus vers des vêtements venus d’Asie. Partout sur le territoire, de nombreuses bornes de collecte de vêtements et de chaussures ont fermé.

Le principe pollueur-payeur

En France, une filière REP a été créée pour le textile : elle fonctionne selon le principe du pollueur-payeur. Les fabricants et les distributeurs doivent payer une éco-contribution pour chaque vêtement, aujourd’hui fixée à quatre centimes par article. Un éco-organisme, Refashion, collecte cette éco-contribution et reverse une somme aux acteurs du tri.

"Ces acteurs ont des coûts (collecte des déchets, tri, etc) et ils ont aussi des recettes (revente de ces tonnes triées), mais les recettes ne couvrent pas les coûts", explique le cabinet de la ministre de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher. "Donc la REP comble le trou dans l’équilibre budgétaire de l’acteur qui assure le tri."

156 euros la tonne de vêtements triés

Jusqu'ici, la somme reversée aux acteurs de tri était de 156 euros la tonne de vêtements triés. Et c’est ce prix qui fait l’objet des débats depuis plusieurs semaines, Le Relais estimant qu'un prix juste serait de 304 euros la tonne.

Des négociations étaient en cours, notamment depuis le 18 mai, date à laquelle la ministre a annoncé la refonte du cahier des charges de la filière avec une application au 1er janvier 2026, et d'ici là, un "soutien exceptionnel" aux acteurs du tri. La mobilisation du Relais cette semaine visait donc à accélérer les discussions sur le montant de ce soutien.

Un accord à 223 euros la tonne pour 2025

Après concertation entre le gouvernement, les acteurs du tri et Refashion, le prix de la tonne a été revalorisé à 223 euros pour toute l’année 2025, dans le cadre d’une enveloppe de 49 millions d’euros. Un arrêté doit être mis en consultation dans les heures qui viennent et sera publié dans un délai de trois semaines, signifiant un premier versement en août pour les acteurs concernés.

Pour 2026, un montant a également été fixé (car il y aura une période d’adaptation au nouveau cahier des charges) : il sera de 228 euros la tonne, avec une enveloppe globale de 57 millions d’euros. Ces prix sont fixés sur les prévisions de tonnes collectées et triées : 220.000 tonnes en 2025, et une hypothèse de 250.000 tonnes en 2026. 

Ces fonds sont issus de l’éco-organisme Refashion, et non du budget de l’État. Il n’y aura, par ailleurs, pas de hausse de l’éco-contribution pour les fabricants et les marques, qui reste à quatre centimes la pièce.

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Reste que ce soutien exceptionnel ne sauvera pas la filière, dont le modèle est aujourd'hui trop dépendant des marchés étrangers. L'objectif du nouveau cahier des charges est donc d'offrir de nouveaux débouchés au secteur, notamment en développant les capacités de recyclage en France, assez faibles aujourd'hui.

Cela permettrait aussi de réduire le nombre de pièces envoyées à l'étranger et finissant dans des décharges à ciel ouvert, avec la mise en place d'une meilleure traçabilité des textiles.

Le sujet est davantage un sujet de recyclage que de réemploi en raison de la faible qualité des vêtements collectés. "Le gisement augmente en volume, mais baisse en qualité", explique en effet l’entourage de la ministre. "C’est donc du côté du recyclage qu’il y a des choses à inventer, notamment pour faire des matériaux d’isolation. Il faut augmenter les capacités de retraitement et diversifier les débouchés."

Chaque année, environ 270.000 tonnes de déchets textiles sont collectées en France et "60% des produits triés" sont revendus en fripe – dont 90% à l'étranger, selon le rapport 2023 de Refashion. 

Marianne ENAULT

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