- La paroisse catholique de Gaza a été touchée ce jeudi par une frappe israélienne, qui a fait trois morts et deux blessés graves, selon le Patriarcat latin de Jérusalem.
- Le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou a finalement reconnu dans la soirée un "tir perdu", assurant que l'État hébreu le "regrette profondément".
- Emmanuel Macron "condamne fermement" l'attaque, tandis que le Quai d'Orsay a rappelé que le site était sous la "protection historique" de la France.
- Voici ce que l'on sait.
Une frappe "israélienne"
à Gaza... annoncée par la cheffe du gouvernement italien. La Première ministre italienne Giorgia Meloni a indiqué ce jeudi 17 juillet dans un post sur X (nouvelle fenêtre) que des "raids israéliens"
avaient touché "l'église de la Sainte-Famille"
, située à Gaza-ville, dans le nord de l'enclave palestinienne. "Les attaques contre la population civile menées par Israël depuis des mois sont inacceptables. Aucune action militaire ne saurait justifier une telle attitude"
, a-t-elle déclaré.
La dirigeante a été la première à évoquer une telle information. Le Patriarcat latin de Jérusalem a ensuite pris la parole, faisant état d'un bilan qui s'est alourdi au fil des heures : au total, trois personnes sont décédées et dix autres blessées, dont deux gravement, a-t-il précisé en fin de journée.
Une "violation flagrante de la dignité humaine", dénonce le Patriarcat
Plus tôt dans la journée, l'autorité religieuse avait confirmé que "l'église de la Sainte-Famille à Gaza avait été frappée par un raid"
dans la matinée. Il avait précisé que "plusieurs personnes ont été blessées"
, parmi lesquels le curé de la paroisse, le père Gabriel Romanelli, sans évoquer dans un premier temps de décès.
Mais le bilan s'est rapidement aggravé. À la mi-journée, la Défense civile à Gaza a fait état de deux personnes tuées par la frappe sur la seule église catholique latine du territoire palestinien, qui fait office de refuge depuis le début de la guerre pour cette petite communauté. "Deux citoyens de la communauté chrétienne ont été tués des suites de blessures subies lors d'une frappe israélienne"
contre le site, a ainsi déclaré à l'AFP le porte-parole de la Défense civile, Mahmoud Bassal.
Un bilan finalement confirmé par le Patriarcat latin, avant qu'il ne s'alourdisse encore. "A l'heure actuelle, trois personnes ont perdu la vie des suites de leurs blessures, et dix ont été blessées, dont deux dans un état grave"
, a-t-il déclaré dans un nouveau communiqué. Il a précisé que "le complexe de la Sainte-Famille"
avait été touché "aux alentours de 10h20"
, "frappé par l'armée israélienne"
.

Le père Gabriel Romanelli lui-même a été blessé : des images de l'AFP ont montré des blessés soignés dans des tentes, dans l'enceinte de l'hôpital Al-Ahli de Gaza-ville, dont le prêtre, portant un pansement autour de la jambe. Certains blessés sont arrivés sur des brancards et l'un d'eux portait un masque à oxygène. Des Palestiniens pleuraient à côté de dépouilles couvertes de sacs mortuaires blancs posées au sol. "Dans la matinée, un char nous a pris pour cible et a touché l'église. Plusieurs civils ont été tués et blessés"
, a raconté à l'agence Shadi Abou Daoud, un déplacé dont la mère de 70 ans est morte dans la frappe.
L'édifice religieux a quant à lui subi des dégâts. "Viser un site sacré qui abrite environ 600 personnes déplacées, dont la majorité sont des enfants, est une violation flagrante de la dignité humaine (...) et du caractère sacré des sites religieux, qui sont supposés fournir un abri sûr en temps de guerre"
, s'est indigné le Patriarcat.
Israël affirme ne "jamais cibler" les sites religieux, puis reconnaît un "tir perdu"
De son côté, Israël a tout d'abord exprimé son "profond chagrin"
pour les dégâts et les victimes civiles, et affirmé ne "jamais cibler"
les sites religieux dans sa guerre qu'elle mène à Gaza depuis 21 mois (nouvelle fenêtre). Il a ajouté que les circonstances dans lesquelles l'église a été endommagée étaient "en cours d'examen"
, précisant que l'armée enquêtait. L'État hébreu "regrette tout dommage à un site religieux ou à des civils non impliqués"
, a déclaré le ministère des Affaires étrangères.
Puis dans la soirée, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a finalement évoqué un "tir perdu"
. "Israël regrette profondément qu'un tir perdu ait atteint l'église de la Sainte Famille à Gaza. Chaque vie innocente perdue est une tragédie. Nous partageons la douleur des familles et des fidèles"
, a-t-il déclaré, selon un communiqué de son bureau. Le dirigeant a également reconnu auprès du président américain Donald Trump que cette frappe était une "erreur"
d'Israël, lors d'un entretien téléphonique à ce sujet, a rapporté à la presse la porte-parole de la Maison Blanche.
"Ce que nous savons avec certitude, c'est qu'un char a frappé directement l'église. L'armée israélienne dit par erreur mais nous n'en sommes pas sûrs"
, a déclaré de son côté le patriarche latin de Jérusalem, Pierbattista Pizzaballa, au média à Vatican News.
Des "attaques intolérables", dénonce la France
Paris a également pris la parole : "je condamne fermement"
la frappe, a écrit sur X (nouvelle fenêtre) le président Emmanuel Macron dans la soirée, précisant avec échangé avec le patriarche latin, pour lui redire "la solidarité de la France envers tous les chrétiens de Palestine, qui de Gaza à Taybeh, sont aujourd'hui menacés"
.
"Nos pensées vont aux victimes, à leurs familles et à tous les chrétiens qui, comme l’ensemble des civils palestiniens de Gaza et les otages, vivent l’enfer"
, a-t-il ajouté. "Chaque jour, des dizaines de civils palestiniens sont tués à Gaza : la poursuite de cette guerre est injustifiable"
, a-t-il encore martelé, appelant à un cessez-le-feu immédiat (nouvelle fenêtre) et à faire entrer "massivement"
l'aide humanitaire.
Quelques heures plus tôt, le chef de la diplomatie Jean-Noël Barrot avait fustigé sur X (nouvelle fenêtre) également une "inadmissible attaque"
, sans mentionner à ce moment-là Israël. Il a précisé que cette église était "placée sous la protection historique"
de la France. "Ces attaques sont intolérables, il est temps que le carnage à Gaza cesse"
, a-t-il insisté.
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"La France protège des communautés religieuses catholiques en Israël et en Palestine. Ce rôle est l'héritage d'une longue histoire qui remonte aux capitulations signées par François 1er avec le sultan Soliman le Magnifique en 1535"
, rappelait le ministère des Affaires étrangères dans une réponse écrite à une question d'un sénateur en 2014. Depuis les années 1920, Paris n'a plus de "rôle juridique de protection des
chrétiens d'Orient catholiques
(nouvelle fenêtre)"
, mais des "accords signés entre la France et l'Empire ottoman"
en 1901 et 1913, accordant à Paris "une protection des communautés religieuses catholiques en Terre sainte"
, "ont été reconnus par les autorités israéliennes et palestiniennes et sont ainsi toujours en vigueur"
, selon le Quai d'Orsay.
"La paroisse latine de Gaza est sous la protection de la France et est explicitement citée dans l'accord de 1913"
, a expliqué à l'AFP le consulat de France à Jérusalem. Le consul général Nicolas Kassianides "a rencontré le patriarche latin de Jérusalem, (...) pour l'assurer du soutien de la France"
, selon cette source.
Le pape "profondément attristé"
Sans nommer Israël, le pape Léon XIV s'est dit quant à lui "profondément attristé par (...) l'attaque militaire contre l'Église catholique de la Sainte-Famille à Gaza"
. "Sa Sainteté renouvelle son appel à un cessez-le-feu immédiat"
, indique un télégramme de condoléances publié par le Vatican et signé par le numéro 2 du Saint-Siège, le cardinal italien Pietro Parolin.
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Cette église entretenait des contacts, depuis le début de la guerre, avec l'ancien pape François (nouvelle fenêtre), mort en avril, qui dialoguait régulièrement par liaison vidéo (nouvelle fenêtre) avec le père Gabriel Romanelli, resté sur place aux côtés de quelque 400 fidèles après le début de la guerre. La bande de Gaza compte environ un millier de chrétiens, sur une population de plus de deux millions de personnes. La plupart sont des orthodoxes mais, selon le patriarcat, environ 135 catholiques vivent dans l'enclave. L'ancien souverain pontife avait lancé des appels répétés pour que soit mis fin au conflit.
L'attaque contre l'église est survenue lors d'une nouvelle journée de bombardements qui ont fait au total 25 morts à travers la bande de Gaza, selon la Défense civile.