• Plusieurs départements de l'Hexagone ont été placés en "crise" en raison de la sécheresse.
  • Depuis le mois de juin, la situation en France se dégrade tant sur le plan des nappes phréatiques que de la surface des sols.
  • Mais elle reste encore loin des sécheresses historiques de 2022 et 2019.

La situation est inquiétante, mais pas catastrophique. C'est un peu le constat qui est dressé en cette moitié de mois de juillet 2025 sur le plan de la sécheresse. Alors que 19 départements sont en "crise", 22 en "alerte renforcée", 23 en "alerte" et 20 en "vigilance" (nouvelle fenêtre), la situation en France est sérieuse, mais pas catastrophique, que ce soit sur le plan des nappes phréatiques ou de l'humidité des sols. 

Nappes phréatiques : mieux qu'en 2022, moins bien qu'en 2024

Dans son dernier bulletin publié le 8 juillet (nouvelle fenêtre), le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) juge que "la situation est meilleure qu'en 2022 et 2023, années de sécheresse, mais moins bonne que l'an dernier". Ainsi, 39% des nappes phréatiques sont moins remplies que la moyenne habituelle à cette saison, 35% sont au-dessus des normales, 26% sont comparables normales, 6% sont en hausse et 4% sont très basses. "On est très loin de 2022, confirme Violaine Bault, hydrologue au BRGM. Si l'on prend la situation de 2022, toute la recharge était déficitaire avec un printemps sec. Cette année, ce n'est pas vraiment le cas". 

Et notamment dans le sud de la France, inhabituellement plus arrosé que le nord au printemps (nouvelle fenêtre). "La situation se dégrade depuis février dans le nord avec des pluies déficitaires. Dans la moitié sud, c'est plutôt depuis avril ou mai", pointe encore Violaine Bault. Et la suite de l'été dépendra des conditions météo des prochaines semaines. "S'il pleut suffisamment, ça peut ré-humidifier les sols et on peut avoir une ré-infiltration, c'est ce qu'il s'était passé en 2024 où il avait tellement plu que l'eau avait de nouveau pénétré dans les sols", détaille-t-elle.

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Mais la plupart du temps, les pluies estivales restent peu efficaces, surtout parce qu'elles tombent sous forme d'orages violents et très localisés. "Il faut que l'on étudie les effets des orages violents qui ont touché le sud de la France ces derniers jours, cela peut provoquer de petits pics pour les nappes et permettre de limiter les interdictions de prélèvement et de ralentir la dégradation, mais l'eau a davantage tendance à ruisseler et celle qui va s'infiltrer va être utilisée par la végétation", indique l'hydrologue du BRGM.

L'organisme, lui, surveille principalement les Pyrénées-Orientales sous haute tension depuis trois ans, mais aussi le Grand Est, la Bretagne, la partie nord du Massif central et le Boulonnais où les conditions "se dégradent plus vite qu'ailleurs en raison d'un écoulement dans la roche plus rapide". 

Des sols secs, mais pas encore d'alerte

Le constat est le même du côté de Météo-France pour l'état des sols. "Ce qu'on peut dire, c'est que le printemps a été pluvieux sur l'ensemble de la France, mais avec un déficit très marqué pour la moitié nord du pays, détaille de son côté Matthieu Sorel, météorologue à Météo-France. Et qui dit peu de précipitations, dit début d'une sécheresse météorologique qui s'est transformée en sécheresse agricole et les sols se sont asséchés plus rapidement qu'ils ne le devraient".

Une situation qui a continué à se dégrader après un mois de juin particulièrement chaud - le deuxième mois de juin le plus chaud jamais enregistré - qui a entraîné des sols plus secs que la normale sur l'ensemble du territoire. "Les sols sont inhabituellement secs sur la moitié nord du pays, voir exceptionnellement secs sur l'extrême nord du pays comme le nord de la Normandie ou les Ardennes", détaille le météorologue. 

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Toutefois, si la sécheresse est bien là, "on n'est clairement pas dans la situation de 2019 et 2022", rappelle Matthieu Sorel. "En 2022, les sols étaient plus secs que la normale au début du printemps, la situation s'est détériorée à la fin du printemps et on a connu un record de sécheresse tout le mois de juillet", rappelle-t-il. 

Dernier point sur cette sécheresse : le niveau des rivières et cours d'eau en France. Depuis le début du mois de juin, les rivières du nord-est du pays connaissent une situation difficile. Selon le dernier bulletin national de situation hydrologique en France, publié le 13 juin dernier (nouvelle fenêtre), les situations déficitaires étaient dominantes dans une grande partie nord-est du pays. Les données sont aussi inquiétantes dans l'ouest, et notamment en Bretagne, où des communes craignent de manquer d'eau potable, puisque la région dépend majoritairement de ces ressources de surface pour approvisionner ses habitants.

VigiEau
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Reste que si la sécheresse s'est installée en France, le pays est encore loin des restrictions drastiques mises en place face à l'urgence en 2022. Et de légères précipitations sont prévues dans les jours qui viennent avec une dégradation orageuse prévue sur la façade ouest du pays. Une bonne nouvelle même si Matthieu Sorel le rappelle : "Si la situation n'est pour l'instant pas comparable à 2019 et 2022, ça peut vite se dégrader. Si on voit le retour d'une canicule avec une longue période de chaleur, la situation peut vite se détériorer, il faut donc être vigilant". 

2024, la nouvelle norme ?

Le météorologue rappelle aussi que "dans le contexte du changement climatique, on s'attend à des phénomènes de ce type de plus en plus importants et de plus en plus tôt dans la saison". Selon les chiffres du gouvernement (nouvelle fenêtre), d'ici à 2050, avec une hausse des températures de +2,7°C, les cumuls de pluies en France pourraient diminuer de 10% l'été comparé à la période 1976-2005 "causant des sécheresses des sols plus longues et plus intenses, avec 24 jours supplémentaires en moyenne en métropole". 

Météo-France
Météo-France

Les épisodes extrêmes de sécheresse pourront durer quatre à cinq mois dans le nord de la France, voir sept dans les régions méditerranéennes. Avec un réchauffement à +4°C en 2100 - le scénario d'adaptation du gouvernement - ce sont 39 jours supplémentaires de sécheresse par an qui pourraient survenir en moyenne, avec des périodes pouvant aller jusqu'à huit mois de sol sec chaque année dans la zone méditerranéenne. 

Annick BERGER

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